Microscopie électronique en transmission / Microscope électronique en transmission

La microscopie électronique en transmission est une technique de microscopie où un faisceau d'électrons est «transmis» à travers un échantillon particulièrement mince.


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  • ... 1 Des électrons accélérés comme source de rayonnement... L'image d'un échantillon biologique est obtenue par «coloration» de l... La résolution du microscope électronique à balayage est au mieux d'environ 10... (source : webapps.fundp.ac)
  • Microscopie électronique en transmission quantitative (Equipe Défauts Etendus)... les électrons diffusés élastiquement aux grands angles par l'échantillon... (source : im2np)
Schéma du faisceau d'électrons dans un MET :
1 : colonne,
2 : source d'électrons,
3 : électrons,
4 : cathode,
5 : anode,
6 : lentilles condenseur,
7 : échantillon,
8 : lentilles diffraction,
9 : lentilles projection,
10 : détecteur.

La microscopie électronique en transmission[1] (MET ou TEM en anglais pour Transmission Electron Microscopy) est une technique de microscopie où un faisceau d'électrons est «transmis» à travers un échantillon particulièrement mince. Les effets d'interaction entre les électrons et l'échantillon donnent naissance à une image, dont la résolution peut atteindre 0, 8 Ångström. Les images obtenues ne sont le plus souvent pas explicites, et doivent être interprétées avec un support théorique. L'intérêt principal de ce microscope est de pouvoir combiner cette grande résolution avec les informations de l'espace de Fourier, c'est-à-dire la diffraction. Il est aussi envisageable d'étudier la composition chimique de l'échantillon en étudiant le rayonnement X génèré par le faisceau électronique. Contrairement aux microscopes optiques, la résolution n'est pas limitée par la longueur d'onde des électrons, mais par les aberrations dues aux lentilles magnétiques.

Le principe du microscope électronique en transmission a été mis au point en 1931 par Max Knoll et Ernst Ruska, ce dernier a d'ailleurs reçu le prix Nobel de physique en 1986 pour cette invention.

Elle consiste à placer un échantillon suffisamment mince sous un faisceau d'électrons, et d'utiliser un dispositif de lentilles magnétiques pour projeter l'image de l'échantillon sur un écran fluorescent qui transforme l'image électronique en image optique. Pour les échantillons cristallins, un autre mode d'utilisation consiste à visualiser le cliché de diffraction de l'échantillon.

Les applications de la microscopie électronique couvrent un très vaste domaine, de l'observation d'échantillons biologiques, comme le noyau des cellules à l'analyse d'échantillons industriels dans la métallurgie ou l'industrie des semi-conducteurs.

Principe

Selon la théorie d'Abbe, [2] la résolution maximum qu'il est envisageable d'obtenir avec un microscope optique dépend de la longueur d'onde des photons et de l'ouverture numérique du dispositif optique. La limite de résolution transverse d d'un microscope, c'est-à-dire la plus petite distance en dessous de laquelle deux points voisins ne seront plus distingués, peut être exprimée avec la longueur d'onde d'illumination λ, de l'indice de réfraction n en sortie d'objectif, et du demi angle du cône de lumière maximum accessible α.

d=\frac{\lambda}{2\,n\,\sin\alpha}=\frac{\lambda}{2\,\textrm{NA}}

où NA = nsinα nommé ouverture numérique de l'objectif.

Au début du XXe siècle, l'idée est venue de repousser cette limite imposée par la longueur d'onde assez élevée de la lumière visible, de 400 à 700 nanomètres en mettant en jeu des électrons dont on savait, selon la mécanique ondulatoire de Louis de Broglie, qu'ils possédaient à la fois les propriétés des particules et celle des ondes. Cela suggérait qu'on pouvait traiter un faisceau d'électrons de la même manière qu'un faisceau d'ondes électromagnétiques afin d'obtenir une image de l'échantillon.

Dans un microscope électronique, les électrons accélérés sont générés par un canon à électrons comprenant une source et un champ électrique produit par une différence de potentiel entre la source et une anode, puis focalisés sur l'échantillon par des lentilles magnétiques ou électrostatiques. Le faisceau d'électrons interagit avec l'échantillon avec un contraste spatial résultant de différences de densité ou de composition chimique, et mesuré par un détecteur donnant la possibilité d'ainsi de former une image de l'échantillon.

Résumons la comparaison entre la microscopie optique qu'il vaut mieux appeler la microscopie «photonique», car les microscopistes électroniques parlent d'«optique électronique» pour désigner les lois physiques et les systèmes qui traitent les trajectoires électroniques. Le microscope électronique en transmission utilise, lui, comme rayonnement des électrons. Un dispositif de lentilles magnétiques sert à focaliser le rayon d'électrons sur un échantillon «extrêmement mince». L'image (ou cliché de diffraction) obtenue est transformée en image photonique, par exemple par un écran fluorescent, et ensuite, cette image photonique est traitée de la même façon que dans un microscope photonique, avec la possibilité d'un enregistrement sur un film photographique ou, depuis la fin du XXe siècle, un capteur CCD.

Le microscope électronique en transmission a deux principaux modes de fonctionnement :

mode image 
Le faisceau électronique interagit avec l'échantillon suivant l'épaisseur, la densité ou la nature chimique de ce dernier, ce qui conduit à la formation d'une image contrastée dans le plan image. En plaçant le détecteur dans le plan image, on peut observer une image par transparence de la zone observée.
mode diffraction 
Ce mode utilise le comportement ondulatoire des électrons. Quand le faisceau traverse un échantillon cristallographique, il donne lieu au phénomène de diffraction. Le faisceau est diffracté en plusieurs petits faisceaux, et ceux-ci se recombinent pour former l'image, grâce aux lentilles magnétiques.

Histoire

La mise au point de la microscopie électronique est l'aboutissement de progrès scientifique initiés au milieu du XIXe siècle. Avant même que l'existence des électrons soit montrée, des expériences sur les rayons cathodiques avaient déjà été menées par les physiciens Plücker, [3] Hittorf, Birkeland, Braun, Wiechert ou encore Riecke. [4] Les travaux de J. J. Thomson sur les tubes cathodiques et ceux de Hans Busch sur l'optique électronique sont les contributions majeures qui permettront à Max Knoll et son étudiant Ernst Ruska de construire le premier microscope électronique. Les études de Busch[5], [6] ont montré qu'il est envisageable de focaliser les électrons dans une région précise de l'espace, avec champs électromagnétique.

Le premier TEM avec une résolution plus grand qu'un microscope optique, conservé au Deutsches Museum de Munich.

En 1928, Adolf Matthias, professeur à l'Université technique de Berlin charge Max Knoll de former une équipe pour effectuer des recherches sur l'oscilloscope à tube cathodique. Le groupe est constitué d'étudiant et de doctorant, dont Ernst Ruska et Bodo von Borries[7] Ainsi, les premiers microscopes furent construit en 1931, par l'équipe de Knoll[8], [9] avec un grossissement d'environ 100. L'un avait deux lentilles magnétiques, l'autre deux lentilles électrostatiques. [10], [11] L'hypothèse de De Broglie vint appuyer l'idée que la microscopie électronique pourrait avoir une plus grande résolution comparé à la microscopie photonique, dans la mesure où la longueur d'onde ne serait plus le facteur limitant. En 1933, ils construisirent un microscope ayant une plus grande résolution que celle d'un microscope optique.

Afin d'obtenir des financements supplémentaire, von Borries, Ernst Ruska et son frère Helmut cherchèrent à développer la microscopie électronique industriellement. Suite à discussion avec les entreprises Carl Zeiss et Siemens, cette dernière fût choisie et le développement commença en 1937. À partir de 1939, les premiers microscopes furent fabriqués en série par Siemens. [12]

La microscopie électronique a aussi été l'objet de développement dans d'autre groupe de recherche. À l'Université de Toronto, Albert Prebus et James Hillier ont construit le premier microscope nord-américain en 1938. [13] Le groupe de travail d'Ernst Brüche de l'institut de recherche de ÆG a aussi participé au développement de la microscopie électronique. [14], [15]

À de la fin de la seconde guerre mondiale, les microscopes électroniques se développent de manière importante et sont essentiellement fabriqué par les entreprises européennes, comme Zeiss, Phillips (depuis fusionné avec FEI) et japonaises, comme JEOL, Hitachi.

En 1998, un correcteur d'aberration a été mis au point par une collaboration entre Harald Rose, Maximilian Haider, Knut Urban et Johannes Buchmann. Ce correcteur sert à modifier le facteur caractérisant l'aberration sphérique Cs et de perfectionner ainsi la résolution du microscope. [16] Ce correcteur fabriqué par CEOS Gmbh et monté dans les microscope de Zeiss, JEOL et FEI permet d'obtenir une résolution spatiale inférieure à l'angstrom. [17] Un projet de recherche est en cours pour tenter de fabriquer un microscope atteignant une résolution de 0, 5 Å. [18]

Instrumentation

Schéma d'un MET.

Un microscope électronique en transmission se compose des principaux éléments suivants :

Ces éléments sont positionnés dans un vide variant de 10 − 7 mbar pour le détecteur CDD à 10 − 10 mbar pour la source d'électron. Le microscope peut être équipé d'un détecteur de rayon X pour effectuer des analyses dispersives en énergie (EDXS en anglais pour energy-dispersive X-ray spectroscopy)

Autour du microscope se situe un réservoir d'azote liquide, qui permet de refroidir une certaine zone près de l'échantillon. De cette manière, les impuretés présentes dans le vide se condensent dans cette zone, et ne contaminent pas l'échantillon. Un second réservoir permet de refroidir le détecteur de rayon X, si le microscope en est équipé.

D'après l'hypothèse de Louis de Broglie dans l'hypothèse relativiste, les électrons possèdent une longueur d'onde donnée par[19] :

\lambda_e = \frac{h}{\sqrt{2m_0eU(1+\frac{eU}{2E_0})}}

h, e, m0 et E0 = m0c2 = 511 keV sont respectivement la constante de Planck, la charge, la masse et l'énergie au repos de l'électron. Cette relation donne la longueur d'onde des électrons à partir de la tension d'accélération U[20] :

U (kV) v/c λ (pm)
100 0, 548 3, 70
300 0, 776 1, 97
1000 0, 941 0, 87

Canon à électrons

Article détaillé : Canon à électrons.

Le faisceau d'électrons est produit au moyen d'un canon à électron. La stabilité et la brillance ont une importance spécifique dans la qualité des mesures effectuées. Le canon doit extraire les électrons d'un matériau puis les accélérer. Il existe plusieurs types de source à électrons :

Selon les dispositifs, le faisceau d'électrons sera plus ou moins cohérent, c'est-à-dire que les électrons seront plus ou moins en phase. Une bonne cohérence permet une meilleure résolution des images.

Un canon à émission thermoïonique consiste en une pointe de métal en forme de V, qui est chauffée à haute température, ce qui fait que les électrons présents dans le métal se déplacent particulièrement vite. Un petit nombre d'électrons arrivent tellement vite à l'angle du V qu'ils sont éjectés du métal. Simultanément une différence de potentiel particulièrement importante (entre 20kV et 120kV) est appliquée. Les électrons qui sont sortis du métal sont accélérés par le potentiel de l'anode en direction de l'échantillon. En général le canon à chauffage ne donne pas un faisceau particulièrement cohérent. Cela est dû au fait que la vitesse, et par conséquent l'énergie cinétique des électrons émis, suit une distribution gaussienne. Il en découle une aberration chromatique. Il existe des filaments en tungstène et en hexaborate de lanthane. Ces derniers sont bien plus chers mais fournissent une meilleure cohérence.

Un canon à émission de champ (en anglais Field Emission Gun ou FEG) est constitué d'une pointe de tungstène cristallin extrêmement acérée. L'extraction des électrons ne s'effectue pas par chauffage, mais en appliquant une différence de potentiel importante (2 à 7 kV). Cette source est caractérisé par une faible variabilité énergétique, et une bonne cohérence. Cependant elle nécessite un vide extrêmement poussé. Dans le cas opposé, la pointe du canon s'oxyde et l'effet d'émission chute drastiquement. Cette exigence en fait des machines particulièrement coûteuses et délicates.

Système de focalisation

Article détaillé : Lentille magnétique.

Dans un microscope électronique en transmission, ce sont des lentilles magnétiques qui sont utilisés pour focaliser le faisceau électronique, car les lentilles électrostatiques ne sont pas adaptés pour les tensions élevées. [21] En effet, des tensions de centaines de kilovolts doivent être disposées au plus près envisageable les unes des autres, ce qui pose des problèmes d'isolations électriques. [22]

Une lentille magnétique consiste en une bobine parcourue par un courant. Le mouvement des électrons dans les lentilles est alors régi par la force de Lorentz \vec{F} = -e \vec{v} \wedge \vec{B} . Le travail effectué par cette force est nul, cela veut dire que les électrons ne perdront pas d'énergie et seront uniquement déviés lors de leurs passages dans le champ magnétique.

Cet ensemble de lentilles présente l'avantage de pouvoir changer la focalisation simplement en changeant le courant passant dans les bobines. Malgré ces différences avec les lentilles optiques, les lois de l'optique géométrique peuvent être appliquées.

Aberrations

Si le microscope électronique en transmission était parfait, sa résolution serait de l'ordre de grandeur de la longueur d'onde des électrons. Pour des électrons accélérés à à peu près 100 kV, elle serait de l'ordre du picomètre (10-12 m). Cependant l'optique électronique est bien moins efficace que l'optique photonique et contient des aberrations pouvant être classées en trois groupes suivant leurs origines :[23]

Le faisceau n'est pas monochromatique pour plusieurs raisons. Le canon à électron apporte un faisceau avec une certaine variation chromatique, c'est-à-dire que les électrons émis ont une énergie qui fluctue autour d'une certaine valeur. Suivant les sources d'électrons, cette variation est plus ou moins grande, les sources FEG ont généralement une dispersion en énergie plus faible. [23] La tension d'accélération des électrons peut aussi varier dans le temps. Qui plus est , quand le faisceau traverse l'échantillon, il se produit des diffusions inélastiques dans l'échantillon, ce qui peut produire des pertes de plusieurs centaines d'électrons-volt.

À la différence de l'optique photonique, il se produit des interactions entre les électrons dans le faisceau, dus à l'interaction coulombien. Si le faisceau est particulièrement intense, cela produira des aberrations de charge d'espace qui ne concerne le plus souvent pas les MET.

De plus, il faut que le vide dans la colonne soit particulièrement bon, sinon, il se produit des interactions entre le faisceau électronique et les molécules résiduelles du vide. Cela a pour conséquence de modifier l'énergie des électrons et par conséquent d'augmenter l'aberration chromatique et de perturber la trajectoire concernée. Ceci nécessite pour les MET un vide meilleur que 10-8 Torr.

La résolution pratique est de quelques angströms. Elle est généralement limitée par l'aberration sphérique, sauf pour les microscopes possédant un correcteur d'aberration sphérique, où elle est alors limitée par l'aberration chromatique.

Interaction électron-matière

Schéma des interactions entre le faisceau électronique incident et l'échantillon.
Article détaillé : Interaction rayonnement-matière.

Le faisceau électronique traversant l'échantillon interagit avec les atomes constituant ce dernier, et produit différentes sortes de rayonnement. Les observations portent principalement sur le faisceau transmis, mais l'analyse des rayonnements X émis apportent des mesures complémentaires sur la composition de l'échantillon. D'une manière plus marginale, il est aussi envisageable d'étudier les rayonnements émis de type électron secondaire, rétrodiffusé, Auger, ou encore cathodoluminescence. [24]

En ce qui concerne le faisceau transmis, il est le résultat de diffusions élastique et inélastique, qui fournissent le contraste des images. Ces deux diffusions conservent la quantité de mouvement, mais la première conserve l'énergie cinétique et contribue en grande partie aux interactions alors que la seconde conserve l'énergie totale et est concentrée dans les petits angle de diffusion. [25] La différence d'énergie est convertie en l'excitation d'un électron lié à un atome.

La compréhension des processus d'interaction a un rôle essentiel pour savoir comment effectuer les observations et les analyser. C'est à partir de la modélisation de ces interactions que sont définis les différents modes d'imagerie utilisés dans un MET.



Diffusion élastique

Article détaillé : Diffusion élastique.

Le processus de diffusion élastique des électrons par les atomes forme la contribution majeure à la formation du constraste des images. Il est décrit par la section efficace et le libre parcours moyen de la diffusion Rutherford, qui est due aux interactions coulombiennes.

La section efficace, qui représente la probabilité d'interaction pour un angle θ est donnée par :

\frac{d\sigma(\theta)}{d\Omega} = \frac{eˆ4 Zˆ4}{4(4\pi\epsilon_0)ˆ2 m_0ˆ2 vˆ4 \sinˆ4(\theta/2)}

Z, ε0 et v sont respectivement le numéro atomique de l'atome diffusant, la permittivité du vide et la vitesse de l'électron.

Les processus intervenant près du noyau, amènent à de grands angles de déviation (environ 10 − 2 radian) car la force de Coulomb entre le noyau et l'électron est plus importante. Les petits angles de diffusion correspondant à des distances plus éloignées de l'atome diffusant, l'électron interagit alors essentiellement avec un électron lié à l'atome. Ces deux électrons intéragissant ayant la même masse, ils peuvent alors échanger aisément de l'énergie, et ainsi réaliser des diffusions inélastiques. [26]

Diffusion inélastique

Article détaillé : Diffusion inélastique.

Les diffusions inélastiques ont essentiellement lieu dans les petits angles de diffusions (environ 10 − 4 à 10 − 3 radian), et amènent à un changement de la longueur d'onde du faisceau électronique. Ces diffusions ne contribuent pas à l'imagerie haute résolution, mais l'énergie perdue par les électrons du faisceau est utilisée pour analyser la matière.


Modes d'imagerie

Mode diffraction

Schéma des rayons dans le faisceau électronique.

Au lieu de s'intéresser à l'image constituée, on peut s'intéresser à la diffraction des électrons. En se plaçant dans le plan focal du faisceau et non plus dans le plan image (simplement en changeant la tension dans les lentilles électromagnétiques), on obtient la figure de diffraction, identique aux clichés de Laue obtenus en diffraction de rayons X. On peut ainsi visualiser les directions dans lesquelles vont les électrons et ainsi caractériser les cristaux (organisation des atomes, orientation, …).

Mode en champ clair

L'écran est positionné dans le plan image. Un diaphragme d'objectif est positionné dans le plan focal de façon à sélectionner seulement le faisceau transmis en ligne droite par l'échantillon. Ce sont par conséquent seulement les électrons non-diffractés qui formeront l'image sur l'écran. Les zones de l'échantillon diffractant fortement le faisceau apparaissent par conséquent les plus sombres. En l'absence d'échantillon, 100% du faisceau est transmis et l'image apparaît claire, d'où le nom : champ clair (bright field ou BF).

Il existe aussi un mode champ clair sans diaphragme. Dans ce cas, l'ensemble des faisceaux transmis et diffractés sont utilisés pour former l'image. Le contraste dépend alors du numéro atomique des constituants de l'échantillon. En effet, les électrons traversants l'échantillon peuvent subir des chocs élastiques et être déviés avec de grands angles. Ils ne sont alors pas détectés. La probabilité de subir un choc élastique augmente avec le numéro atomique (Z) des constituants de l'échantillon et l'épaisseur de l'échantillon. Les éléments lourds apparaissent par conséquent plus sombres et les éléments légers plus clairs. De même, les zones de l'échantillon les plus épaisses apparaissent plus sombres et les zones plus fines plus claires. Ce mode d'imagerie offre un moins bon contraste que le mode champ clair avec diaphragme d'objectif. Cependant, il peut être utile, surtout en biologie où des marqueurs lourds peuvent être utilisés pour mettre en évidence certaines parties de l'échantillon.

Mode en champ sombre

En plaçant un diaphragme dans le plan focal, on peut sélectionner un faisceau diffracté spécifique pour former l'image. L'image est par conséquent constituée seulement par les électrons diffractés à un angle spécifique. Les zones de l'image qui diffractent à des angles différents apparaissent sombres. De même, en l'absence d'échantillon, tout le faisceau est transmis, il n'y a pas de diffraction et l'image est sombre, d'où le nom : champ sombre (dark field ou DF). Ce mode permet d'observer par exemple des défauts cristallins comme une dislocation dans la mesure où elle distord localement la maille du cristal et par conséquent modifie l'angle de diffraction.

Microscopie à haute résolution

Article détaillé : Microscopie électronique à haute résolution.

Ce mode d'imagerie consiste à observer la matière à l'échelle atomique. Certains électrons sont déviés (diffractés), d'autres sont transmis en ligne directe. Si on fait interférer un faisceau transmis en ligne directe avec un faisceau diffracté, on obtient une figure d'interférence. Les contrastes sur l'image obtenue sont par conséquent directement corrélés au potentiel projeté de l'échantillon. Suivant la défocalisation et la taille de l'échantillon, cette corrélation change. Une simulation de la figure d'interférence est alors indispensable pour interpréter l'image obtenue et dire si les colonnes atomiques sont localisées sur les points blancs, noirs ou entre les deux. Il ne faut pas croire qu'une image HRMET est une simple photographie où les points blancs ou noirs sont des atomes. Ces images, après traitements, nous permettent tout de même de tirer des informations sur l'organisation cristalline mais aussi les défauts qui s'y trouvent, comme les joints de grain, dislocations, etc.

Analyse dispersive en énergie

Article détaillé : Analyse dispersive en énergie.

L'analyse dispersive en énergie consiste à étudier les rayonnements X des atomes constituant l'échantillon. Le faisceau électronique traversant l'échantillon provoque l'ionisation d'atomes, et ce dernier émet des rayons X lors de sa désexitation. L'énergie du rayonnement émis est caractéristique de la nature chimique de l'échantillon et permet par conséquent de faire une analyse élémentaire, c'est-à-dire de savoir quels sont les atomes présents dans l'échantillon.

Cette analyse peut être quantifiée avec modèle qui prennent en compte l'absorption, la fluorescence, les caractéristiques matérielles, etc. et qui permettent de connaître la proportion de chaque élément dans la zone observé. Cette analyse n'est cependant pas dépourvu d'artefact, les détecteurs ne mesurant pas uniquement les rayons X venant de la zone irradié mais également des alentours. [27]

La résolution spatiale est de quelques nanomètres ce qui permet alors d'effectuer des cartes de la composition. Cependant la résolution spectrale n'est pas aussi bonne qu'une analyse en perte d'énergie ou qu'une analyse dispersive en longueur d'onde, ceci est dû au principe de fonctionnement du détecteur. [28]

Spectroscopie des pertes d'énergie

Article détaillé : Spectroscopie des pertes d'énergie.

Microscopie électronique en transmission à balayage

Cette technique (STEM de l'anglais scanning transmission electron microscopy) consiste à focaliser le faisceau électronique en une sonde électronique aussi petite que envisageable ainsi qu'à donner à cette sonde un mouvement de balayage. Cette technique est comparable à celle utilisée en microscopie électronique à balayage, sauf qu'ici le volume d'interaction est bien plus petit, dans la mesure où l'échantillon est mince.

Les observations peuvent se faire en champ clair ou en champ sombre. Ce mode a plusieurs avantages :

Il est envisageable de dresser une cartographie chimique de l'échantillon, soit en analysant les rayons X émis par les atomes sous l'effet des électrons, soit en effectuant des études spectrales des pertes d'énergie.

Holographie électronique

Schéma de l'holographie électronique «off-axis». La source d'électrons (1) forme le faisceau, dont une partie traverse l'échantillon (2) et forme ainsi l'onde image (3). L'autre partie du faisceau électronique sert d'onde de référence (4), qui va ensuite interférer avec l'onde image pour former l'hologramme (6), grâce au biprisme de Möllenstedt (5).

L'holographie électronique imaginé par Dennis Gabor en 1949[30], [31] est une technique d'imagerie qui permet d'enregistrer les figures d'interférences (hologramme) constituées par un objet. Cette technique permet alors de recontruire les fronts d'ondes constituant le faisceau électronique, et d'en déduire la phase.

La réalisation pratique consiste à enregistrer l'hologramme entre l'onde de référence Ψ0 et l'onde image de l'échantillon Ψr, c'est-à-dire l'onde qui a traversé l'objet. Cette opération peut être réalisé par holographie «off-axis» avec un biprisme de Möllenstedt[32] installé dans le plan image du microscope. [33] Ce biprisme composé d'un fil auquel est appliquée une faible tension, sert à faire superposer une moitié du faisceau électronique (onde de référence) avec l'autre moitié ayant traversée l'échantillon (onde diffusée), et ainsi de former la figure d'interférence. [34]

L'intensité enregistrée sur l'hologramme est la somme de plusieurs termes : l'intensité de l'onde de référence Ψ0, de l'onde image Ψr et d'un terme d'interférence, composé de franges cosinusoïdales représentant l'amplitude locale A et la phase locale φ. L'intensité est donnée par :[35]


\begin{align} I_{holo}(\vec r) &=  | \Psi_0 + \Psi_r|ˆ2 \\
 \ & = 1+Aˆ2(\vec r) + 2A(\vec r)\cos(2\pi \vec q_c \vec r - \phi(\vec r)) \end{align}

Cette méthode est utilisé pour étudier la répartition spatiale du champ magnétique et électrostatique au sein de l'échantillon avec une grande précision. [35]

Mode faible dose

Ce mode est optimisé pour l'observation d'échantillons sensibles aux électrons. Il est indispensable à l'étude d'échantillons biologiques observés dans un état hydraté vitreux. Il permet d'irradier au minimum la zone de l'échantillon qu'on veut micrographier. Le principe de ce mode est le suivant. À faible grossissement (environ 5 000 x), on sélectionne une zone d'intérêt dans l'échantillon. À ce grossissement, on n'irradie que particulièrement faiblement l'objet (la dose électronique est proportionnelle au carré du grossissement). À partir de ce positionnement, la zone d'exposition et la zone de mise au point sont définies. Elles sont distantes de quelques micromètres l'une de l'autre. La mise au point nécessite d'irradier l'échantillon pendant une durée de plusieurs secondes au grossissement final (typiquement 40 000 x). Cela détériore l'échantillon et c'est pourquoi on le fait à une certaine distance de la zone d'exposition. Cette dernière zone n'est irradiée au grossissement final que le temps d'enregistrer une micrographie (environ 1 seconde).


Préparation des échantillons

En microscopie électronique, les échantillons sont soumis à plusieurs contraintes :

Pour que les échantillons ne soient pas dégradés durant l'observation et puissent être observés par transmission, les échantillons doivent être dans la majorité des cas préparés. Cette phase est particulièrement importante, car c'est elle qui détermine en partie la qualité des résultats obtenus. Suivant les échantillons, les modes de préparation changent. [36]

De plus, l'échantillon doit être conducteur, afin qu'il ne se produise pas de charge électrique locale, dû au faisceau électronique. Pour pallier ce problème, il faut quelquefois déposer une fine couche conductrice.

Échantillons organiques

En biologie, la lame mince s'obtient en faisant une coupe avec un microtome. Une technique de microclivage a permis d'obtenir des profils de multicouches. [37]

De la même façon qu'en microscopie photonique appliquée à la biologie, on utilise fréquemment des colorants pour rehausser le contraste des détails d'un échantillon, il est envisageable en microscopie électronique d'utiliser des composés de métaux lourds comme l'osmium, le plomb ou l'uranium pour les fixer dans des zones d'intérêt, comme par exemple le noyau d'une cellule. Ces atomes lourds interagissent suffisamment avec les électrons pour les écarter de la partie du faisceau interceptée par le détecteur fluorescent, faisant ainsi apparaître des tâches sombres sur le détecteur.

Coloration négative

Les échantillons minces sont adsorbés sur une grille métallique recouverte d'un film de carbone fin. Ce sont typiquement des complexes protéiques ou des virus. L'excès d'eau est absorbé avec un papier buvard. Une solution contenant un agent contrastant, tel du tétroxyde d'osmium ou de l'acétate d'uranyl, est ajouté sur la grille pendant quelques secondes puis absorbé. Ce dernier va se fixer préférentiellement au bord des particules adsorbées. De par sa forte masse atomique, le contrastant dévie les électrons dans le diaphragme objectif. Ainsi l'échantillon biologique apparaît plus clair que ce qui l'entoure, d'où le nom de coloration négative. L'échantillon apparaît blanc sur un fond sombre sur les photographies. [36]

Ombrage rotatif

Cette technique aussi nommée «ombrage réplique» est une technique de MET qui étudie le relief des structures. Elle consiste en la vaporisation d'une couche particulièrement fine de platine, avec un angle précis, sur l'échantillon maintenu en rotation. Cette couche de platine, consolidée avec une couche de carbone aussi particulièrement fine, est ensuite décollée de l'échantillon puis observée directement par dépôt sur les grilles d'observations. [36]

Échantillons inorganiques

Amincissement

Image MEB d'un échantillon préparé pour une analyse MET avec une sonde ionique focalisée (FIB). La membrane mince dont l'épaisseur est d'environ 300nm est acceptable pour une analyse MET, à condition de ne pas rechercher une très bonne résolution spatiale.

Pour les échantillons volumiques, la préparation a lieu en plusieurs étapes. Initialement une fine lamelle de 3 mm de diamètre est prélevée avec une scie à fil diamanté, puis celle-ci est préamincie avec techniques grossières utilisant des procédés mécaniques ou chimiques. La dernière étape doit être effectué de manière plus précise pour conserver des vastes zones particulièrement minces. Elle peut s'effectuer par bombardement ionique, où un faisceau d'ions Ar perce l'échantillon. Depuis quelques années, la technique la plus courante consiste en phase finale à faire un usinage avec une sonde ionique focalisée.

En ce qui concerne l'épaisseur critique d'un échantillon, il n'existe pas de critère simple de définition. Pour une bonne observation, le faisceau transmis doit conserver un degré satisfaisant de collimation et une dispersion énergétique réduite. [36] En règle générale, l'épaisseur est comprise entre quelques dizaines et centaines de nanomètres. [38]

Dépôt

Occasionnellement, il est envisageable de broyer, ou de gratter la materiau, puis de le dissoudre dans une solution. En prélevant une goutte et en l'évaporant, on peut alors déposer le materiau sur une grille. Cette dernière est le plus souvent recouverte d'un film mince transparent au MET, ou alors possède des trous au bord desquels des morceaux peuvent se suspendre à l'intensité des forces de tension superficielle. [36] De cette manière des nanoparticules peuvent être déposées et étudiées. [39]

Applications

Une des applications importantes actuellement est celle de la tomographie. La tomographie permet, à partir de l'observation des échantillons sous une série d'angle, nommée série tiltée (-70° à +70° dans le meilleur des cas) de reconstituer l'échantillon en 3D. C'est en fait le principe du scanner, qui lui fonctionne avec des rayons X.

Les algorithmes de reconstruction sont les mêmes que ceux développés en rayons X; néanmoins certains problèmes se posent à l'échelle à laquelle on travaille en microscopie électronique, parmi lesquels : la limitation de la série d'angles, le mouvement de l'échantillon lors de la série de prise de vue, l'indetermination de l'axe de rotation.

Il faut par conséquent, pour préparer la série qu'on va donner à manger aux algorithmes. En gros, modifier la série acquise, et determiner l'axe de tilt.

La spectroscopie de perte d'énergie des électrons (EELS) permet d'obtenir d'autres informations : reconnaître les atomes et connaître les liaisons chimiques.

Images

Notes et références

  1. Une erreur courante consiste à dire «microscope électronique à transmission» (par ressemblance avec le «microscope électronique à balayage»). Cette erreur est fréquente dans le milieu scientifique et les livres. Il s'agit bien d'un microscope en transmission (on observe l'échantillon en transparence, en transmission).
  2. (de) E. Abbe, «Beiträge zur Theorie des Mikroskops und der mikroskopischen Wahrnehmung», dans Archiv für mikroskopische Anatomie, vol.  9, 1873, p.  413-468 
  3. J. Plücker, «Über die Einwirkung des Magneten auf die elektrischen Entladungen in verdünnten Gasen», dans Poggendorffs Annalen der Physik und Chemie, vol.  103, 1858, p.  88-106 
  4. Ruska 1980, p.  8-9
  5. (de) H. Busch, «Eine neue Methode zur e/m-Bestimmung», dans Physikalische Zeitschrift, vol.  23, 1922, p.  438-441 
  6. (de) H. Busch, «Berechnung der Bahn von Kathodenstrahlen im axialsymmetrischen elektromagnetischen Felde», dans Annalen der Physik, vol.  386, no 25, 1926, p.  973-993 lien DOI ] , article disponible sur Gallica
  7. Ruska 1980, p.  13
  8. M. Knoll, E. Ruska, «Beitrag zur geometrischen Elektronenoptik I und II», dans Annalen der Physik, vol.  12, 1932, p.  607-640, 641-661 
  9. (de) M. Knoll et E. Ruska, «Das Elektronenmikroskop», dans Zeitschrift für Physik A Hadrons and Nuclei, vol.  78, 1932, p.  318-339 lien DOI ] 
  10. Ruska 1980, p.  1
  11. Ruska 1980, p.  36
  12. Ruska 1986, p.  369
  13. Biographie de James Hillier sur le site de la fondation James Hillier
  14. «Zum Entstehen des Elektronenmikroskops», dans Physikalische Zeitschrift, vol.  44, 1943, p.  176-180 
  15. Qing 1995, p.  10
  16. (en) «Electron microscopy image enhanced», dans Nature, vol.  392, 23 April 1998, p.  768-769 lien DOI ] 
  17. (en) CEOS Cs Correctors. Consulté le 28 septembre 2008
  18. (en) The TEAM Project. Consulté le 28 septembre 2008
  19. Reimer 1993, p.  21
  20. Colliex 1996, chapitre 2
  21. Elles sont cependant utilisées dans le canon à électron, où la tension est de l'ordre du kilovolt
  22. Colliex 1996, chapitre 3
  23. Florent Houdellier, «Les aberrations des lentilles électromagnétiques». Consulté le 25 octobre 2008
  24. Williams 1996, p.  540-543, Imaging
  25. Reimer 1993, p.  136
  26. Colliex 1998, chapitre 5
  27. Colliex 1996, chapitre 6
  28. Reimer 1993, p.  376-385
  29. Florent Houdellier, «Microscope électronique en transmission à balayage (STEM) ». Consulté le 26 octobre 1008
  30. (en) Dennis Gabor, «Microscopy by reconstructed wavefronts. », dans Proc. Roy. Soc. , London, vol.  A 197, 1949, p.  454 
  31. (en) Dennis Gabor, «Microscopy by reconstructed wavefronts II. », dans Proc. Roy. Soc. , London, vol.  B 64, 1951, p.  449 
  32. aussi nommé biprisme de Möllenstedt-Düker
  33. (de) «Beobachtungen und Messungen an Biprisma-Interferenzen mit Elektronenwellen», dans Z. Phys. , vol.  145, 1968, p.  377 
  34. F. Houdellier, «Le grand potentiel de l'holographie électronique». Consulté le 11 décembre 2008
  35. (en) W. Rau, H. Lichte, High resolution off-axis electron holography dans E. Völkl, L. Allard, D. Joy, Introduction to electron holography, Klumer Academic/Plenum Publishers, New York, 1999 (ISBN 0-306-44020-X) , p.  201-209 
  36. Colliex 1996, chapitre 4
  37. Microcleavage transmission electron microscopy applied to the interfacial structure of multilayers and microstructure of small particles on a substrate
  38. Un MET avec une tension de 1, 2 MV à 3MV d'accélération a été construit au CEMES à Toulouse permet d'observer des échantillons d'épaisseur micrométrique.
  39. (en) A. Courty et al., «Large triangular single crystals formed by mild annealing of self-organized silver nanocrystals», dans Nature Materials, vol.  6, 16 September 2007, p.  900-007 

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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